L'accompagnement en écriture avec le livre pour objectif est un espace pluriel dans lequel on peut déployer sa douleur mais surtout, reconnaître et donner voix à l'enfant perdu. Avec le livre, l'écueil de la banalisation (obstacle majeur au deuil de cette perte particulière) est évité.
Que s'est-il passé pendant l'histoire de la grossesse ? De quelle couleur avait-on repeint la chambre ? Quel prénom lui avait-on donné ? Combien de jours passés avec lui ? Les mots ne peuvent redonner vie à ce petit être mais le temps consacré à exprimer de fugitifs souvenirs permettra d'adoucir, l'indicible, l'inimaginable qui renvoie à l'impuissance à maintenir la vie à tout prix.
Avec le livre pour témoin, cette fulgurante existence ne reste pas inachevée, elle s'inscrit et prend sa place au sein de la famille. Les parents, la fratrie, conservent les liens de leurs destinées mêlées à celle de leur enfant.
Le livre dédié
En tant que soin, la biographie restaurative a pour vocation la renaissance des personnes blessées, notamment par la prise en compte, et pourquoi pas, la mise en valeur de la brisure ayant marqué leur vie. Dans sa conception, la couverture du livre (un bel objet d'art soigneusement mis en page et relié à la main) s'inspire de l'art japonais du Kintsugi. Il s'agit d'une technique ancestrale découverte au XVème siècle. Celle-ci consiste à réparer un objet brisé en soulignant ses fissures et ses "fêlures" avec de l'or au lieu de les masquer. En redonnant une seconde vie à des objets cassés ou fêlés, l'art du Kintsugi (littéralement, "jointure en or") apparaît telle une métaphore de l'art de la résilience.
".../... Ils ont pleuré, ils ont été consolés, ils ont travaillé à aimer de nouveau la vie et les humains. Ils ont recollé les morceaux brisés de leur vie, et peu à peu leurs cicatrices psychiques se sont recouvertes de l'or de la bienveillance et de la sagesse, d'une sagesse consolée. Aujourd'hui, chacun de leur sourire vaut de l'or, ils sont devenus Kintsugi." Christophe André - Rose Magazine N°23